Utilitaire ne caractérise pas seulement un véhicule; c’est un synonyme, assez péjoratif, de la langue française, du mot « Intéressé », « qui peut être utilisé », dont on peut « faire usage », dont on peut « se servir »…Un outil en somme qui va nous être avantageux et qui servira un projet, un moyen de parvenir à un résultat quel qu’il soit…
Allez, parlons vrai, entrons dans le vif du sujet au lien de tourner autour du pot ! Oui je l’avoue depuis plusieurs semaines, je ressens de l’inutilité… Quand on perd son travail de façon si subite, la peine est lourde…En quelques semaines, les appels et les emails se font de moins en moins nombreux pour disparaître peu à peu. Et je comprends, je ne suis plus utile puisque je n’ai plus de fonction professionnelle… Ce que je représentais à travers ce travail précis n’existe plus dans la pratique. Mais ce qui est le plus douloureux dans cette perte soudaine d’utilité est la perte de sens dans les relations humaines connexes. La compassion, les soutiens et encouragements du début ont laissé place à l’absence, au vide, une situation propre à tous ceux qui partagent cette expérience de ne plus travailler… Le sentiment d’inutilité est terriblement ravageur. Sans effort personnel, il nous coupe des liens sociaux, de la reconnaissance, de l’estime de soi, de la confiance en ses capacités et ses talents, période où on a l’impression que son cerveau se ratatine, d’être mis à part d’un projet collectif qui nous permet de nous dépasser et de nous tenir debout…N’existe-t-on que par son travail ?
Non, ces quelques lignes ne sont pas le fruit d’un moment de déprime automnale, ni le fruit d’un apitoiement égocentrique…Certains sans doute le considéreront comme tel. C’est une tranche de vie ancrée dans une réalité bien crue, une réflexion ouverte sur la valeur « travail », sur l’être social, sur l’utilisation des uns par les autres à des fins purement matérielles et techniques.
« Les journées sont longues mais le temps passe vite », écrivait une blogueuse sur sa période de chômage. Apprendre à occuper le temps autrement…Comprendre que la vie vaut bien plus que son utilité concédée par les autres mais qu’elle a besoin de trouver un nouveau sens, une autre direction …C’est un sacré défi !
Sophie Nouaille
Comme je comprends, Sophie…
Pour ma part, j’ai connu de nombreuses restructurations dans l’entreprise dans laquelle j’ai travaillé avec passion durant trente-cinq ans. Bien sûr, j’avais toujours mon salaire à la fin du mois, et je sais bien que votre situation est bien différente, mais…
Je suis passée par toutes les phases que vous décrivez, le plus dur était de me poser tant de questions sur l’intérêt et l’utilité, justement, de ce sur quoi nous avions œuvré mon équipe et moi-même. Je me devais de trouver des réponses pour ne pas sombrer et aussi ne pas laisser sombrer, pour prouver qu’en tant qu’individus uniques nous avions conservé notre valeur. Mais, je n’y suis pas toujours arrivée, loin de là… Dans cette société-kleenex, il faudrait être blindé pour ne pas rencontrer ce type de souffrance à un moment ou un autre.
Dans votre métier de journaliste qui côtoie souvent des personnalités plus ou moins connues du grand public, j’imagine qu’il doit y avoir ce phénomène sous-jacent du désir de l’autre, sorte d’attraction (je me souviens d’une connaissance journaliste qui me disait qu’a priori son métier était une sorte de sésame pour qu’il soit rappelé, invité, recherché…) Cela doit donc être encore plus délicat à gérer lorsque l’on passe par une phase telle que celle que vous vivez. Cela me fait aussi penser à l’artiste qui un jour vend des millions de livres ou d’albums et qui du jour au lendemain parce qu’il a vieilli ou qu’il ne correspond plus aux normes du jour, se retrouve à attendre désespérément qu’on lui propose un nouveau contrat.
Je ne suis que moi. Je rêverais de pouvoir vous aider. J’ai juste l’intuition, ferme et claire, que votre talent et la qualité de votre travail seront à nouveau à l’œuvre dans un environnement professionnel adapté à votre sensibilité.
Tenez bon, il n’y a absolument aucune raison que le système vous fasse douter de vous. Vous êtes parfaite et UTILE comme vous êtes.